Colleen Beck
22 mars 2023
Le quatre pattes est le premier pas vers l’indépendance des bébés. Ramper n’est pas seulement une activité motrice globale. C’est aussi une tâche motrice qui active plusieurs sens, constitue un événement social et marque le début du jeu fonctionnel.
A quel âge les bébés commencent-ils à ramper ?
Les bébés commencent à ramper entre six et dix mois. Certains bébés sautent complètement l’étape du quatre pattes et passent directement à la marche à quatre pattes et à la marche. Nous verrons plus tard pourquoi il n’est pas recommandé de sauter cette étape.
Pour ramper, les bébés doivent acquérir certaines compétences sur le plan du développement. Cette progression vers le quatre pattes est une séquence d’événements.
Avant de ramper, les bébés apprennent à :
- Se retourner
- Se pousser sur leurs bras lorsqu’ils sont couchés sur le ventre
- Se balancer d’avant en arrière sur leurs genoux,
- Se pousser vers l’arrière
Lorsqu’ils ont de nombreuses occasions de bouger, cette étape du développement se produit souvent naturellement. Le quatre pattes donne au bébé un excellent sentiment de puissance et d’accomplissement. Cela renforce considérablement leur estime de soi.
Plusieurs systèmes entrent en jeu pour que ces compétences se développent et que le bébé commence à ramper. Les compétences sous-jacentes nécessaires au rampement comprennent :
- La cognition
- La résolution de problèmes
- L’équilibre (motricité)
- Le système sensoriel
- La motricité globale
- La coordination
- La motricité visuelle
- Les relations spatiales
En ce qui concerne plus particulièrement les capacités motrices nécessaires pour ramper, nous pouvons cibler la coordination motrice globale et l’équilibre, quel que soit le type de ramper ou de mobilité utilisé par le bébé. Les mouvements de rampement font appel à la force, à la mobilité et à la stabilisation des muscles des épaules, du cou, des bras, du dos, du tronc et de la tête, qui doivent être suffisamment solides pour supporter le poids du bébé.
La vision binoculaire est nécessaire pour que les bébés puissent passer d’une vision de loin à une vision de près lorsqu’ils se déplacent dans leur espace. Le rampement offre également un excellent entraînement mental.
Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles les bébés ont besoin de ramper dans le cadre de leur développement. Ramper est tellement important ! Examinons chacune des raisons pour lesquelles les bébés ont besoin de ramper.
- Développement de la motricité globale
Les bébés apprennent à coordonner les deux côtés de leur corps lorsqu’ils rampent. Ils doivent équilibrer leur corps, tout en soulevant simultanément un bras et une jambe du sol. Les articulations doivent se fléchir et s’étendre, les muscles doivent se synchroniser, tout en effectuant des mouvements complètement différents de chaque côté du corps.
- Coordination œil-main
En rampant, les bébés développent leur coordination œil-main. En se déplaçant vers une cible, en attrapant des jouets et en interagissant avec le monde qui les entoure, ils développent la coordination entre leurs yeux et leur corps.
- Développement sensoriel
La proprioception, ou l’entrée/rétroaction par les muscles et les articulations, est la principale entrée développée par le fait de ramper. De plus, l’entrée vestibulaire est activée par le mouvement de la tête et l’entrée par l’oreille.
La vision, le toucher et l’ouïe sont également activés pendant le fait de ramper. Les bébés apprennent en explorant leur environnement.
Quand un enfant se déplace à quatre pattes, la plupart des sens sont alertés, organisés et utilisés pour se déplacer dans l’espace.
- Développement mental/cognitif
La résolution de problèmes, la mémoire et le traitement de l’information sont nécessaires pour ramper. Le corps calleux est activé de manière équilibrée pendant le rampement croisé, ce qui facilite la communication entre les deux côtés du cerveau. Le corps calleux n’est pas activé de la même manière lors d’autres méthodes de rampement (ramper sur les fesses, ramper comme un crabe, ramper comme un commando).
- Le quatre pattes aide à la formation des articulations
Lorsque le bébé rampe vers l’avant, les articulations de la hanche se forment, les muscles les tirant vers l’avant et vers l’intérieur. Cela déclenche le développement nécessaire à la marche future.
- Franchir la ligne médiane
Il s’agit d’une compétence essentielle pour la suite du développement.
Le rampement croisé améliore la rotation de la colonne vertébrale, la coordination œil-main et l’apprentissage de la séparation des deux côtés du corps, qui sera utile plus tard (faire du vélo, jouer du piano, courir, monter des escaliers).
- Ramper favorise l’apprentissage de la lecture
Ramper à quatre pattes aide à lire ! Toute cette intégration des hémisphères cérébraux, des réflexes et de la coordination œil-main aide à préparer le cerveau et le corps à la lecture. Ramper favorise l’apprentissage, la résolution créative de problèmes et le fonctionnement général du cerveau.
- Compétences visuelles
En rampant, un bébé développe les bases de la perception visuelle, du suivi visuel et du balayage visuel, ainsi que le développement de la vision. En rampant, un jeune enfant se déplace dans l’espace et ses yeux développent la convergence visuelle. Les saccades oculaires et le suivi visuel font également partie du développement.
REMARQUE : les bébés qui rampent de manière alternative, tout en faisant preuve de créativité pour se déplacer, peuvent présenter des signes de retard de développement. Ils ont peut-être appris à compenser leur manque de force, de coordination, de capacités sensorielles ou de développement cognitif. Encourager les bébés à ramper de manière traditionnelle peut contribuer à leur développement global. Les bébés qui ne rampent pas doivent être encouragés à passer par cette étape de développement, car elle leur permettra d’acquérir des compétences de base essentielles qui leur serviront plus tard.
Comment apprendre à ramper ?
La manière la plus simple d’encourager le rampement est de créer un environnement propice à l’exploration.
Il suffit parfois de laisser le bébé passer beaucoup de temps sur le ventre sur une surface sûre pour qu’il développe cette compétence. Certaines familles ne disposent pas d’un espace sûr à la maison pour ramper. Faites preuve de créativité en suggérant une couverture sur l’herbe, un espace ouvert comme la plage, le sol de la bibliothèque ou une bâche au sol recouverte d’une couverture.
Évitez de caler le bébé et de le placer dans des contenants. Le syndrome du bébé en contenant augmente à un rythme alarmant, car les personnes qui s’occupent des bébés les placent continuellement dans des sièges auto, des porte-bébés, des sièges à bascule, des balançoires ou les tiennent dans leurs bras tout le temps.
Si votre bébé cambre beaucoup le dos, ne veut pas se blottir et se câliner, n’utilise pas ses bras et ses jambes, roule plus souvent qu’il ne rampe ou ne semble pas intéressé par le mouvement, demandez l’aide d’un médecin spécialiste en neurologie fonctionnelle.
Laissez votre bébé explorer librement son environnement. Créez des zones sûres, sans fils, sans risques d’étouffement et sans autres dangers. Encouragez les personnes qui s’occupent de votre bébé à ne pas avoir peur de le laisser se débattre. Elles doivent comprendre que les bébés tombent plusieurs fois avant d’y arriver. Un bébé trop protégé apprendra que bouger est effrayant.
Placez une serviette enroulée sous le ventre de votre bébé lorsqu’il est allongé sur le ventre afin de soulager le poids de ses extrémités, de lui apporter un soutien supplémentaire et de l’aider à ramper.
Aidez le bébé à se mettre en position de quatre pattes et bercez-le doucement d’avant en arrière pour stimuler ses mouvements. Placez des objets juste hors de portée du bébé pour l’encourager à les attraper ou à se déplacer pour essayer de les atteindre.
Encouragez-le à se déplacer vers un objectif à l’aide d’objets nouveaux et innovants, tels que ces jouets à secouer pour bébés ou notre sac sensoriel attrayant pour bébés.
Aidez les parents et les personnes qui s’occupent des bébés à comprendre les idées fausses selon lesquelles un bébé qui ne rampe pas n’est pas « avancé », qu’il est « si mignon » lorsqu’il se déplace en glissant sur les fesses au lieu de ramper à quatre pattes, ou qu’il est « paresseux » parce qu’il choisit de ne pas bouger. Bien que ces comportements ne soient pas toujours des signes avant-coureurs de difficultés futures, ils peuvent l’être et ne doivent pas être négligés.
Colleen Beck est ergothérapeute pédiatrique, propriétaire et autrice du site Web The OT Toolbox.
Cet article est la traduction d’une partie de l’article « Types of crawling » sur le site www.theottoolbox.com.